La boîte à idées - Le blog de Jean Chambard

La boîte à idées - Le blog de Jean Chambard

Comment ouvrir les huitres facilement

 

Paris, Le 1er janvier 2022

 

Vous aimez les huîtres, un must pour les fêtes de fin d'année, mais redoutez de passer la soirée aux urgences, rien qu'en essayant de les ouvrir ? Avouez que cela peut gâcher une belle soirée de réveillon. Il existe pourtant une astuce toute simple pour ouvrir l'huître sans danger. Une fois le coquillage en main, ce n'est pas la lame du couteau que vous devez faire bouger, mais la main qui tient l’huître.

 

Je vous explique dans ce billet tout ce qu'il faut savoir sur cette façon d'ouvrir l'huître.

 

1 - Ouvrir les huîtres 1 heure avant la dégustation

Les professionnels peuvent ouvrir les huîtres jusqu'à 12 heures avant leur consommation. Mais ils sont équipés pour les conserver. En ce qui nous concerne les simples particuliers, vous pouvez ouvrir les huîtres jusqu'à 3 heures avant. Pour ma part, je vous conseille de vous y prendre 1 heure avant et de conserver vos huîtres au réfrigérateur. Pas la peine de vous y prendre au moment où vos invités arrivent pour réveillonner.

 

Il faut en effet savoir qu'à l'ouverture de l'huître, la première eau s'échappe et laisse place à une seconde eau que l'huître rejette quelques minutes plus tard ; elle est encore plus savoureuse et iodée. Il est donc préférable de laisser l'huître se reposer au frais avant de servir.

 

2 - Choisir le bon couteau à huître

Les bons outils font les bons ouvriers. Il faut donc avant tout s'équiper d’un bon couteau à huîtres. Si de nombreux modèles de couteaux à huîtres existent sur le marché, certains sont plus faciles à manier que d’autres, surtout pour les débutants ; et surtout, certains demeurent inadaptés à la bonne ouverture de l'huître.

 

🚫 Couteau avec garde 🚫 ❤️ Lancette à huître ❤️

 

Il vaut mieux utiliser un couteau sans garde afin de ne pas gêner la prise en main de celui-ci (je vous parle de la prise en main au point 4). Je vous recommande donc la lancette à huîtres. La lame de cette dernière doit être bien pointue pour faciliter son insertion dans la jointure de la coquille.

 

3 - Maintenir l’huître fermement

La position de l'huître dans la main est essentielle. Si vous êtes droitier, maintenez l’huître dans la main gauche. La coquille se place dans le creux de la main, la charnière vers le poignet, comme le montre la photo à gauche ci-dessous. À l’inverse si vous êtes gaucher, l’huître se place dans la main droite, charnière vers les doigts.

 

 

Vous pouvez maintenir l’huître dans une serviette en tissu, comme on peut le voir sur la photo de droite ci-dessus. L’objectif est de ne pas s'abîmer la main avec la coquille si le contour de celle-ci est un peu coupant. La plupart des écaillers ne s'en servent pas car cela gêne un peu le maintien de l'huître, mais n'est pas écailler qui veut...

 

4 - Poser le pouce sur la pointe du couteau

Le point clé de cette méthode réside dans la façon dont on tient le couteau à huîtres et il est un peu contre-intuitif. Il faut en effet tenir la lancette par la lame et non par le manche. C’est pourquoi un couteau à garde n’est pas recommandé, la garde empêchant la tenue du couteau par la lame.

 

Votre pouce doit reposer sur l’extrémité du couteau. La pointe de la lame doit dépasser d'un petit centimètre de votre main. Si jamais la pointe dérape, votre pouce arrêtera la lame en butant sur l'huître, avant qu'elle n'entaille votre main.

 

🚫 Le couteau peut déraper 🚫
❤️ Le pouce bloque la lame ❤️

 

 

5 - Insérer le couteau dans la jointure des coquilles

Le couteau s’insère entre les deux jointures de la coquille au niveau du muscle adducteur de l’huître. Celui-ci se trouve au 2/3 de la coquille à partir de la charnière. Ne forcez jamais pour faire pénétrer la lame, au risque de vous blesser. 

 

Regardez bien la technique, elle est expliquée de la 15ème à la 22ème seconde de la vidéo ci-dessous. Oui cela va vite.

 

 

 

Insérez la lame entre les deux parties de la coquille en faisant bouger légèrement l'huître. Ne forcez pas, le couteau doit rentrer tout seul. Une fois la lame insérée, faites-la pivoter latéralement vers la charnière (vers l'arrière donc) pour sectionner le muscle de l’huître. Enfin, faites levier avec la lame pour ouvrir la coquille supérieure puis détachez le manteau de l’huître.

 

Dans la vidéo, l'écailler va un peu vite, alors voilà le mouvement décomposé en 4 étapes ci-dessous.

 

 

Videz la première eau du coquillage et rincez éventuellement l'huître à l'eau claire pour la débarrasser des éventuels débris de coquilles que vous auriez pu faire pénétrer avec le couteau, avant de la déposer dans un plateau ou une assiette à huîtres. Réservez au frais (1 à 3 heures maximum comme je vous l'expliquais en préambule).

 

6 - C'est prêt, servez

Les huîtres se dégustent avec du citron et/ou du vinaigre à l'échalote. Certains les aiment également accompagnées de tranches de pain de seigle et du beurre demi-sel.

 

 

 

Bonnes fêtes à toutes et tous... Et bonnes dégustations.

 

 

 


01/01/2022
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Créer son roadbook moto et l'importer sur son GPS

 

 

Paris, le 20 octobre 2021

 

La saison des grandes balades à moto s'achève. Et pourtant, que la campagne est belle, comment peut-on s'imaginer, en voyant un escadron de motards, que l'automne vient d'arriver ?  Il fera bientôt trop froid pour la plupart d'entre nous. Il va falloir entreposer la moto au garage et ranger le blouson. Mais nous pouvons aussi profiter de la trêve pour préparer la prochaine saison.

 

Et rien ne vaut un bon motard qu'un motard avec un carnet de route. Le "road trip" n'en sera que meilleur. Et créer ses propres carnets n'est vraiment plus compliqué de nos jours. Je vous explique ici comment créer ses roadbooks et les importer dans son GPS.


Comment créer ses itinéraires

Pour voyager sereinement et profiter pleinement de la route, il faut savoir planifier sa route. Choisir les routes les plus sinueuses ou les plus panoramiques, identifier les stations services qui pourront servir au ravitaillement, les parkings et les pauses déjeuner, bref, anticiper pour que le jour J, tout soit parfait.

 

Pour créer ses itinéraires, il faut ce qu'on appelle en bon français un "planificateur d'itinéraires moto".  Ou "route planner" dans la langue de la perfide Albion. Il existe une pléthore d'offres sur le marché. Les principaux fournisseurs de GPS proposent d'ailleurs tous le leur :

 

Le site de TomTom est assez simple d'utilisation, alors que Basecamp requiert un PC Windows ou Mac et un certain temps d'apprentissage. Mais les meilleurs planificateurs d'itinéraires moto restent encore les sites fait par des motards pour les motards. Parmi lesquels on pourra citer :

  • Moto-trip.com : un très bon site de planification avec partage communautaire
  • Kurviger.de : un site allemand mais en langue française et sans doute le meilleur planificateur à ce jour.
  • Liberty-rider.com : Site très similaire à celui de moto-trip et couplé avec l'application mobile du même nom qui sert aussi de GPS et d'alerte en cas de chute.

 

On pourrait aussi citer Google My Maps, mais cet outil n'est guère pratique car il ne permet pas d'exporter vos cartes au format GPX - le format compris par tous les GPS - mais uniquement au format KML (Keyhole Markup Language, Keyhole étant une société rachetée par Google). Il est bien sûr possible de convertir par des outils en ligne le format KML au format GPX, mais cela demande quelques manipulations supplémentaires. "My Maps" possède aussi quelques défauts : il faut aller chercher dans un sous-menu (options du calque > Instructions détaillées) la distance et la durée du trajet, deux éléments pourtant essentiels à toute planification de trajet.

 

Mon propos n'est néanmoins pas de comparer les différents planificateurs de trajet. Si je devais faire un choix, j'opterais pour Kurviger pour les 3 raisons suivantes :

    1. Même en version gratuite, Kurviger offre plus de fonctions que Moto-trip. Les calques de cartes y sont aussi plus nombreux. En version payante, n'en parlons pas.
    2. Il n'y a pas besoin de créer de compte pour utiliser Kurviger. On peut créer son itinéraire, l'exporter et s'en aller. Bien sûr, si on veut sauvegarder ses "road trips" sur le site, il faut créer un compte.
    3. L'export vers les GPS fonctionne mieux avec Kurviger qu'avec Moto-trip. Le tracé obtenu sur mon GPS avec Moto-trip n'est pas fidèle au road trip programmé. Je n'ai pas eu le temps de creuser la raison du pourquoi. Et comme sur Kurviger, cela marche...

 

 

 

Soyons objectif, Kurviger n'est pas exempt de défauts. Certains menus ne sont pas très intuitifs. Comme le menu "Cloud" qui permet de retrouver ses cartes sauvegardées. Rien à voir avec l'absolue simplicité de Moto-trip qui affiche les cartes sur la page d'accueil. On aurait préféré un banal menu intitulé "Mes Cartes". Autre exemple : le menu "Plan" qui est le mode création d'itinéraire par défaut de Kurviger. Si on veut créer ou modifier un itinéraire, c'est là que cela se passe. Personnellement, j'aurais préféré un menu plus explicite, genre "Créer un itinéraire".

 

Autre manipulation peu intuitive : pour modifier un itinéraire existant, il faut aller le chercher dans "Cloud". Il apparait alors en pointillés. Il faut le "charger" (c'est le vocabulaire de Kurviger) dans Plan. Une fois les modifications faites, il suffit d'aller dans le menu Cloud et de remplacer l'itinéraire par le nouvel itinéraire planifié. Pas hyper intuitif quand on ne connait pas l'outil.

 

 

Planifier son trajet (avec Kurviger)

Pour planifier son itinéraire, rendez-vous donc dans le menu "Plan". Si jamais vous avez chargé un itinéraire sauvegardé dans Plan, vous pouvez simplement supprimer l'itinéraire. Cela ne supprimera pas votre sauvegarde mais uniquement l'itinéraire actif. Vous pourrez ainsi repartir d'une feuille vierge.

 

Kurviger vous propose de créer votre itinéraire, d'un point de départ vers un point d'arrivée, ou peut aussi générer un circuit de manière aléatoire. Dans ce dernier cas, il suffit de saisir son point de départ et le kilométrage maximal souhaité. Personnellement, je préfère toujours avoir un but à ma balade et je passe donc toujours par l'itinéraire. Cela me permet de définir un point d'étape.

 

    1. Dans le mode itinéraire (vs circuits)
    2. Saisissez votre point de départ
    3. Saisissez votre destination
    4. Kurviger calcule un premier itinéraire

 

L'itinéraire s'affiche sur la carte. Vous pouvez modifier quelques options ou adopter l'itinéraire tel quel. Vous pouvez notamment choisir entre le chemin le plus rapide, le rapide et sinueux, le sinueux et super sinueux. Le choix rapide et sinueux semble être un bon compromis en zone plutôt urbaine, les autres modes vous entraînant dans des routes sans intérêt. Vous pouvez aussi choisir les types d'évitements : éviter de prendre 2 fois la même route, les péages, ferries, autoroutes, les routes principales, les routes très étroites, les routes non pavées. La force des évitements ne peut se régler qu'en mode premium.

 

Mais, car il y a un mais. Les modes "rapide et sinueux" ou "sinueux" ne correspondent pas tout à fait au mode sinueux de mon GPS (un Navigator V de chez Garmin). Lors de l'export, je n'obtiens donc pas tout à fait le même tracé. Pour faire simple, je reste personnellement en mode "le plus rapide" et je force ensuite l'itinéraire en créant des "way points" (points de passage).

 

Voici ce que donne un itinéraire A/R du Château de Versailles au Château de Rambouillet. J'ai d'abord saisi Rambouillet comme destination puis rajouté une autre destination qui n'est autre que mon point de départ. En mode "le plus rapide donc". Comme Kurviger évite me faire prendre 2 fois la même route, l'itinéraire dessine une boucle. De petites flèches indiquent le sens dans lequel je dois faire la boucle.

 

 

Evidemment, ce n'est pas une route d'un grand intérêt en moto, car une bonne partie du trajet se fait sur autoroute ou 4 voies. J'active donc l'évitement des autoroutes en cliquant simplement sur l'option.

 

J'ajoute également un premier point intermédiaire. Dans mon exemple "Limours". Je peux insérer ce point sur mon chemin aller ou sur mon chemin retour. Je décide de l'insérer sur le chemin aller. Pour se faire, je clique sur le petit "+" qui se trouve sous mon premier point de départ (à ne pas confondre avec la X qui supprime le point) et je saisis mon point d'étape ; A noter que je pourrais le déplacer sur la carte après coup pour affiner mon itinéraire.

 

 

 

En ayant légèrement déplacé mon premier point d'étape (il s'affiche ainsi avec ses coordonnées GPS) et en ayant rajouté un 3ème point d'étape, sur le retour, par l'Abbaye des Vaux de Cernay pour profiter de ses célèbres virolos, j'obtiens ainsi l'itinéraire suivant. Les informations récapitulatives s'affichent en bas à gauche : il fait 104 km pour une durée de 2h30 hors arrêt et autre pause technique évidemment.

 

 

Il ne me reste plus qu'à sauvegarder cet itinéraire (via le menu Cloud) et surtout l'exporter vers mon GPS, pour le retrouver en intégralité sur ma moto.

 

Exporter ses itinéraires

C'est sans doute la fonction la plus intuitive de Kurviger. L'export se fait grâce au menu "Exporter". Ce menu remplace la fenêtre d'édition de l'itinéraire par la fenêtre d'export. Avec quelques données à saisir.

 

Il est possible de renommer son itinéraire. Personnellement, je le fais sur mon GPS pour éviter toute surprise sur la longueur du nom.

 

En termes de paramètres, choisissez le format "GPX" qui est le format standard compris par tous les GPS. Mais Kurviger propose aussi tout un tas d'autres formats spécifiques, comme les formats Garmin, TomTom ou Navigon. Vous pouvez donc choisir le format qui vous convient le mieux.

 

Laissez l'option par défaut, qui est "export_type_options_exportroute". C'est le meilleur compromis entre juste les points de repère (waypoint) et la "trace" (track) complète qui risque de ne pas s'adapter à votre GPS.

 

Vous pouvez demander des points de repère (way points) supplémentaires pour être sûr de coller à l'itinéraire défini. Ce n'est pas indispensable si vous avez pris l'option "le plus rapide". Votre GPS recalculera la route de toute les manières (en suivant la même option). Mais si vous avez pris l'option sinueux, cela peut avoir son importance.

 

Ne vous reste plus qu'à cliquer sur Exporter pour sauvegarder le fichier sur votre PC ou directement sur la carte SD de votre GPS si vous disposez de cette petite extension de mémoire.

 

 

 

 


Importer ses itinéraires dans son GPS

Maintenant que nous avons exporté notre itinéraire, il nous faut l'importer dans notre GPS, que ce soit un GPS Garmin ou TomTom ou votre smartphone équipé d'une application comme Google Maps ou Kurviger. Je vous communique ici la méthode que je suis pour importer l'itinéraire sur un Garmin Navigator V, sous Windows, mais vous pourrez trouver les procédures sur le site de Kurviger. Y compris pour MacOs.

 

Raccordez votre GPS à votre PC par câble USB et attendez qu'il apparaisse dans l'explorateur de fichiers de Windows. C'est un peu lent mais vous devez avoir l'habitude si vous mettez à jour vos cartes régulièrement.

 

Ouvrez le répertoire de votre GPS puis descendez dans "Internal Storage > GPX" et copiez dans ce répertoire le fichier que vous venez de sauvegarder sur votre PC

 

 

Vous pouvez refermer l'explorateur de fichiers et débrancher votre GPS. Redémarrez votre GPS. Ce dernier va détecter la présence du nouveau fichier et vous demander s'il doit importer le nouvel itinéraire.

 

 

Répondez par oui puis sélectionnez le ou les itinéraires que vous voulez importer (vous pouvez en effet en importer plusieurs d'un seul coup) et laissez-vous guider. Vous pourrez ensuite retrouver vos itinéraires dans l'application "Planificateur de trajets".

 

 

 

Et voilà, ne vous reste plus qu'à créer de belles balades, à les partager sur les réseaux sociaux dédiés aux motards et à en profiter aux beaux jours.

 

 

 

 

 

 

 

 


28/11/2021
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Comment bien aiguiser ses couteaux (avec une pierre)

 

Paris, le 11 juillet 2021

 

Je vous ai parlé dans un précédent article des différents outils permettant d'aiguiser ses couteaux. Des plus rustiques comme l'aiguiseur manuel au plus perfectionné comme la meule Tormek T-4, en passant par des systèmes guidés comme le Wicked Edge et le Horl-1993. Mais pas de la façon de les utiliser au mieux. Surtout qu'utiliser des pierres à aiguiser demande un peu de méthode et de pratique. Cet article vient donc vous donner les clés pour bien aiguiser un couteau.

 

Vous me direz que l'approche n'est pas très rationnelle : il vaut mieux d'abord comprendre comment on doit aiguiser un couteau avant de choisir l'outil le plus adapté. Mais d'un point de vue pratique, je vous assure que l'apprentissage est bien plus rapide quand on commence par se pencher sur les outils et l'expérimentation avant la théorie.

 

Mais maîtriser la théorie demeure indispensable et c'est pourquoi j'ai écrit ce petit billet.


SOMMAIRE

 

1 - Aiguiser en respectant l'émouture du couteau

2 - Aiguiser en respectant l'angle d'aiguisage

3 - Aiguiser en à angle constant

4 - Choisir le bon grain

5 - Savoir quand s'arrêter/changer de pierre

6 - Eliminer le morfil

7 - Entretenir régulièrement le tranchant

 

 

1 - Aiguiser en respectant l'émouture

De manière simplifiée, la lame d'un couteau est composée de 3 parties :

  • Le dos : c'est le côté de la lame qui ne coupe pas
  • L'émouture : c'est la partie de la lame qui a été affinée par le coutelier. C'est aussi la façon dont la lame a été amincie.
  • Le tranchant : c'est la partie qui coupe réellement et qu'il faut régulièrement aiguiser/affûter.

 

Vous trouverez ci-dessous une illustration des différentes parties d'un couteau et des petits noms qu'on aime leur donner.

 

 

La première chose à faire quand vous cherchez à aiguiser un couteau est de respecter son émouture. Car il existe tout un tas d'émoutures différentes, correspondant à des cas d'usages tout aussi variés. Le tableau ci-dessous vous présente les principales (sans être exhaustif) émoutures.

 

Emouture ciseau ou asymétrique
(Chisel Grind)
Emoutures plate et plate intégrale (Partial & Full Flat Grind) Emouture scandinave
(Scandi Grind)
Emouture creuse et creuse intégrale (Hollow Grind) Emouture convexe et convexe intégrale (Convex Grind)

 

Les émoutures ciseau

Nous connaissons tous ce genre d'émoutures : ce sont celles que l'on retrouve sur les ciseaux de couture et les ciseaux à bois. Elles sont moins courantes sur les couteaux de cuisine. On les trouve surtout chez les japonais, comme le couteau reproduit-ci-dessous et que l'on voit des 2 côtés.

 

 

Ces couteaux sont surtout faits pour découper les sushis. Leur forme plate leur permet de découper des tranches fines de poissons. Comme l'émouture est asymétrique, il est nécessaire d'acheter la version droitier ou gaucher du couteau, sachant que le côté plat se pose justement sur la planche.

 

L'aiguisage d'une émouture ciseau se fait en posant à plat sur la pierre à aiguiser le côté biseauté. Le biseau entier doit frotter sur la pierre, ne prenez pas d'angle. Puis retourner le couteau, et faites de même avec le côté plat. Eliminez enfin le morfil côté biseau en prenant cette fois légèrement de l'angle. Répétez l'opération avec des grains de plus en plus fins. Je vous en parle plus précisément dans la partie dédiée à ce sujet.

 

 

 

Les émoutures plates (ou en V)

L’émouture plate est considérée comme étant l’émouture la plus polyvalente : sa géométrie en V s’adapte à tous types de tâches allant de la préparation de la nourriture à la taille ou à la coupe de bois. C'est donc sans surprise que l’émouture plate est la plus répandue chez les couteaux.

 

La lame est affinée linéairement depuis le tranchant jusqu’à une hauteur variable, pouvant aller jusqu’au dos de la lame. On parle dans ce dernier cas d'émouture plate intégrale. Lorsque celle-ci se termine sur le corps de la lame, elle est qualifiée d’émouture plate partielle.

 

De par l’angle aigu ainsi formé, le tranchant a besoin d’un biseau secondaire pour pouvoir conserver ses qualités de coupes, sans quoi il se dégraderait rapidement. On peut aisément apercevoir le biseau secondaire sur l'agrandissement que je vous ai fait d'un couteau de cuisine avec émouture plate intégrale ci-dessous.

 

 

C'est là que les choses se compliquent : l'angle secondaire n'est pas toujours le même et varie selon l'origine du couteau. Il faut donc s'adapter et trouver le bon angle. Je vous en parle dans le paragraphe suivant.

 

Les émoutures scandinaves

L’émouture scandinave est très similaire à l'émouture plate que l'on vient de voir, mais elle ne possède généralement pas de biseau secondaire sur le tranchant. L'émouture scandinave est plus basse et crée un angle plus ouvert que l'émouture en V, ce qui permet au coutelier de créer directement l'angle du tranchant.

 

 

L'émouture scandinave est surtout faite pour tailler le bois. Son angle de tranchant n'est pas assez fin pour trancher la nourriture et sa lame est trop épaisse.

 

L'aiguisage d'une émouture scandinave est techniquement plus facile qu'une émouture plate : pas besoin de chercher l'angle secondaire du tranchant, il n'y en a qu'un et sa surface est suffisamment grande pour servir à guider le couteau lors de l'aiguisage. "FandeCouteaux" vous explique tout cela en détail et de manière très pédagogique dans la vidéo suivante.

 

 

 

 

Les émoutures creuses

L'émouture creuse, vous connaissez forcément si vous avez plus de 50 ans. C'est en effet celle que l'on retrouve sur les fameux coupe-choux de nos grands-parents !

 

 

L'émouture creuse permet d'affiner la lame du couteau et d'obtenir un tranchant rasoir... adjectif issu justement des rasoirs à émouture creuse. Autre avantage : on peut l'aiguiser plus souvent (et donc enlever de la matière) sans que la lame ne s'épaississe (puisqu'elle est creuse). Mais elle est aussi beaucoup plus fragile qu'une émouture classique en V ou qu'une émouture scandinave. N'essayez pas de tailler du bois avec un coupe-choux, vous ne feriez que casser la lame. On la réserve donc à des travaux "chirurgicaux".

 

L'émouture creuse a aussi un autre avantage, un peu plus théorique celui-là. Il permet à la lame de moins coller à la nourriture. C'est pour cela qu'on nos fameux couteaux à jambon ou certains Santoku sont alvéolés, comme ici le Santoku de Global.

 

L'émouture creuse s'aiguise de la même manière qu'une émouture en V. Je vous renvoie donc au paragraphe suivant pour les différents détails.

 

 

Les émoutures convexes

 

Vous connaissez forcément cette émouture. C’est celle que l’on retrouve sur la plupart des haches et hachettes, et également sur certains couteaux de camp. La photo ci-dessous vous montre un couteau à émouture convexe à gauche et par contraste un couteau à émouture scandinave à droite. Les deux couteaux ont un point commun : ils n'ont pas de biseau secondaire en forme de V.

 

 

De par sa forme bombée, c'est l'émouture qui conserve le plus longtemps son tranchant. Mais son aiguisage demande un peu plus d'attention que la classique émouture plate. Il faut en effet aiguiser le fil du tranchant en suivant l'arrondi du couteau. Alors, soit vous disposez d'une machine à bande comme la Work Sharp Ken Onion avec son option backstand, ce qui vous permet de travailler l'arrondi facilement, soit vous faites comme "FandeCouteaux" dans la vidéo ci-après, à la main, en faisant légèrement tourner le couteau avec le poignet. Le seul hic est que vous allez rayer votre lame.

 

 

 

 

Maintenant que vous savez tout des principales émoutures, passons aux choses sérieuses. Nous allons voir, étape par étape, comment aiguiser vos couteaux sur une pierre à aiguiser.


SOMMAIRE

 

1 - Aiguiser en respectant l'émouture du couteau

2 - Aiguiser en respectant l'angle d'aiguisage

3 - Aiguiser en à angle constant

4 - Choisir le bon grain

5 - Savoir quand s'arrêter/changer de pierre

6 - Eliminer le morfil

7 - Entretenir régulièrement le tranchant

 

 

2 - Aiguiser selon le bon angle

Je mets de côté les émoutures ciseaux, scandinaves et convexes, assez rares en cuisine pour me concentrer sur les émoutures plates et creuses. Vous savez maintenant que ce type d'émoutures possèdent 2 angles différents. Ce qui nous intéresse, c'est l'angle du tranchant. Et cet angle varie selon la nature du couteau et son usage. La règle d'or du tranchant étant :


Plus l'angle du tranchant est aigu, plus la lame sera tranchante mais plus elle aura tendance à s'émousser voire se casser rapidement. Plus l'angle est ouvert et moins la lame sera tranchante, mais elle sera plus solide et conservera son tranchant plus longtemps.


On parle souvent d'angle pour le tranchant ou angle d'aiguisage qui correspond à la moitié de l'angle du tranchant (puisqu'on a deux côtés symétriques).

 

Tranchant japonais

Tranchant occidental

 

Les couteaux de chasse ont communément un angle d'aiguisage de 25 degrés. Pour les couteaux de poche, l'angle d'aiguisage va de 15 à 25 degrés, comme pour les Opinels par exemple. Pour les couteaux de cuisine, la moyenne se situe plutôt entre 10 et 22 degrés. Les couteaux japonais, utilisés pour trancher finement, ont des angles de 10 à 15° tandis que les couteaux occidentaux, plus habitués à taper un peu dans l'os, ont des angles allant de 18 à 22°.

 

 

 

La plupart des fabricants de couteaux aiguisent à la main sur une aiguiseur à bande abrasive. Une variation entre 10 et 15 degrés pour les couteaux japonais et 18 et 22 degrés pour les couteaux occidentaux est donc possible. Certains fabricants, comme Wüsthof ou Victorinox, utilisent des systèmes laser ou des machines à aiguiser automatiques reproduisant exactement le même angle pour tous les couteaux.

 

Ceci étant dit, comment sait-on si son couteau possède un angle d'aiguisage de 15 ou 20 degrés, qui sont les angles les plus courants ? La méthode la plus simple est d'utiliser la méthode du marqueur. Il suffit de marquer le tranchant de son couteau avec un feutre de couleur, d'adopter un angle d'aiguisage que l'on pense correct et de commencer à affûter votre couteau.

 

 

 

Si votre angle d'aiguisage est trop aigu (figure de gauche), vous n'effacerez que la partie supérieure de la marque. Si au contraire votre angle n'est pas assez aigu (figure du milieu), alors vous n'effacerez que la marque sur le fil. Si vous adoptez le bon angle (figure de droite), alors vous aiguiserez tout le tranchant et la marque va disparaitre dans son entier. C'est aussi bête que cela et cela marche à tous les coups.

 

3 - Aiguiser à angle constant

Aiguiser selon l'angle donné par le coutelier est important, mais ce n'est pas aussi important que de conserver le même angle d'aiguisage. Avec un angle constant, quel qu'il soit, vous arriverez toujours à reconstituer un tranchant en V. Vous mettrez simplement plus de temps si vous partez avec un mauvais angle.

 

Mais garder un angle constant pendant plusieurs dizaines de minutes, ce n'est pas facile pour nous, êtres humains. Surtout qu'un couteau de cuisine n'est jamais droit. Il se finit toujours par une pointe plus ou moins fine, selon le type de couteau.

 

La meilleure méthode que je connaisse est celle proposée par FandeCouteaux sur sa chaîne YouTube, que je vous présente ci-dessous.

 

 

 

Notez bien quelques précieux conseils :

 

  • Pour affuter la pointe, il faut lever un peu le coude pour ouvrir l'angle puis opérer une petite rotation du couteau pour le reste du tranchant.
  • Il n'y a pas de sens pour aiguiser un couteau : ce n'est pas une râpe à fromage. Vous pouvez pousser ou tirer vers vous ou faire des allers-retours. On attaque généralement par la pointe, en poussant contre le fil, et en tournant doucement pour faire la partie droite du fil, cette fois-ci sans rotation. Puis on alterne les 2 côtés pour de simple raisons de symétrie. L'un des côtés vous paraitra probablement plus naturel que l'autre, c'est normal. On finit en fuyant le fil (en tirant dans le sens dos-fil.
  • Pas besoin d'appuyer, le poids des mains suffit. Si vous appuyez trop, vous risquer d'entamer votre pierre.
  • Il faut veiller à rester symétrique ; sinon, le tranchant sera de plus en plus difficile à aiguiser. Il faut donc veiller à travailler de manière identique dans un sens et dans l'autre, soit en minutant son aiguisage, soit en comptant le nombre d'allers-retours.
  • Selon l’état de la lame et sa dureté, le grain de la pierre, le nombre de passages peut varier d’une dizaine à une trentaine de minutes. Il faut s'arrêter lorsque le morfil apparaît (j'en parle plus loin). Contrôler régulièrement votre tranchant.

 


Aiguiser un couteau, c'est donc d'abord une histoire d'angles et de gestes. Mais il y a aussi un petit grain dans cette histoire. Il vous faut aussi savoir choisir le bon grain de la pierre sur laquelle vous allez aiguiser votre couteau. C'est une mesure de son effet abrasif. Plus le grain est gros et plus l'effet sera important. Plus le grain est fin, plus l'effet sera réduit à un simple polissage.

 

 

SOMMAIRE

 

1 - Aiguiser en respectant l'émouture du couteau

2 - Aiguiser en respectant l'angle d'aiguisage

3 - Aiguiser en à angle constant

4 - Choisir le bon grain

5 - Savoir quand s'arrêter/changer de pierre

6 - Eliminer le morfil

7 - Entretenir régulièrement le tranchant

 

 

4 - Choisir le bon grain

Avant de parler chiffres, parlons standard. Car un même chiffre, utilisé dans un standard japonais n'aura pas la même signification que dans un standard américain ou européen. Et oui, c'est comme pour la télévision ou la 4G, on n'a jamais réussi à se mettre d'accord en américains, européens et japonais.

 

Deux mesures sont officiellement reconnues pour mesurer la granulométrie. : les normes européenne FEPA (Federation of European Producers of Abrasives) et japonaise JIS (Japanese Industrial Standards). Dans le standard FEPA, on distingue les mesures FEPA-P et FEPA-F. La mesure P concerne la granulométrie du papier de verre, que vous connaissez certainement si vous avez déjà poncer un meuble ou un mur. La mesure F concerne la granulométrie des pierres à aiguiser, c’est celle qui nous intéresse.

 

Les américains quant à eux se basent sur la taille du grain abrasif, exprimée en microns (un millième de millimètre). C'est une mesure plus objective que celle des standards japonais ou européens puisqu'elle se base sur donnée mesurable.

 

Comme de nombreuses pierres à aiguiser proviennent du Japon, le JIS est une mesure très couramment utiliser pour déterminer le grain des pierres à eau. A titre d'exemple, un grain japonais moyen sera donc affiché comme J1000, alors que son équivalent européen s'affichera en F550 et que l'américain parlera de 12 µ (microns).

 

Le tableau suivant vous donne les correspondances entre standards, sur les grains les plus répandus. Je pars du grain le plus gros au grain le plus fin. Et j'utiliserai par la suite le standard le plus communément utilisé, soit le japonais JIS.

 

FEPA-F JIS Micron
120 120 110
220 240 60
280 320 40
320 400 30
500 800 20
550 1.000 12
600 1.200 10
800 2.000 6
1.000 3000
4,5
1.200 4.000 3
1.500 6.000 2
2.000 8.000 1.2
4.000 16.000 0.7
7.500 20.000 0.5

 

Quand on aiguise son couteau, on part naturellement du grain le plus gros au grain le plus fin. C'est comme quand on ponce un meuble. Il faut d'abord enlever beaucoup de matière avant de finir par polir. FandeCouteaux a tendance à partir d'un grain J800 dans ses vidéos, mais il a d'abord massacré la lame de son couteau. Moi je n'ai pas les moyens d'acheter tous les grains possibles (plus c'est fin et plus c'est cher). Et j'entretiens mes couteaux régulièrement. Alors je pars d'un grain J1000, ce qui n'est pas un détail car il correspond à un grain presque 2 fois plus petit (on passe de 20 à 12 microns), car c'est le grain le plus polyvalent (il s'adapte à la plupart des aciers "durs" - voir le tableau ci-dessous). Puis je passe à un grain 3.000 avant de polir au 8.000 pour mes plus beaux couteaux (qui sont aussi les plus fragiles).

 

Nb : je vous ai présenté l'aiguiseur Horl 2 dans les outils pour aiguiser, que j'utilise pour bien refaire l'angle du tranchant (je suis encre perfectible sur ce point). Le disque d'aiguisage diamanté est d'une granulométrie J400, ce qui est plus qu'abrasif. Le disque en céramique pour démorfiler et polir le tranchant est d'une granulométrie J1000. Et vous pouvez acheter des disques en J3000 et J6000 pour aller plus loin.

 

 

Le tableau suivant vous donne les ordres de grandeurs des grains à utiliser :

 

Etat du couteau / Dureté de l'acier Grain recommandé
Couteau ébréché : le tranchant est abimé et on voit les irrégularités à l'œil nu Grain J100 à J220
Couteau émoussé : le couteau ne coupe plus même si on ne distingue pas d'irrégularité à l'œil nu Grain J200 à J800 en fonction de la dureté de l'acier

Couteau tranchant nécessitant un entretien régulier

  • Acier "mou" : HRC ~53 (qualité correcte)
  • Acier "dur" : 53 < HRC < 56 (le plus classique)
  • Acier "dur" : 56 < HRC < 60 (qualité pro)
  • Acier "très dur" : 60 < HRC < 62 (japonais type VG10)
  • Acier "très dur" : 63 < HRC < 66 (fragiles)

 

  • Grain J400 à J800
  • Grain J800 à J1000
  • Grain J1000 à J3000
  • Grain J3000 à J8000
  • Grain J8000 à J12000

 

 

Pour entretenir votre couteau (je suppose qu'il n'est pas complètement émoussé), il faut donc commencer par un grain 400 quand vous êtes sur un couteau lambda, puis aller vers un grain plus fin comme le 800 puis 1 200, par 800 ou 1000 quand vous affûtez un couteau de bonne qualité, par 1000 quand vous travaillez sur un couteau de professionnel pour aller vers des grains plus fin en 3000/6000, tandis que vous travaillerez avec un grain allant de 3000 à 8000 quand vous êtes sur un couteau japonais.

 

 

5 - Savoir quand s'arrêter / changer de grain

Pour résumer, quand on aiguise son couteau, on commence par faire tremper ses pierres (15 à 30 mn), on attaque par le grain le plus gros, on adopte le bon angle (15 ou 20° en général) et on essaye de le garder le plus constant possible (à la main sans système de guidage c'est le plus difficile). On fait aller et venir le tranchant sur la pierre sans appuyer. D'un côté puis de l'autre.

 

Mais quand sait-on qu'on doit s'arrêter et passer du premier côté à l'autre ? Ou à un grain plus fin une fois les 2 côtés du tranchant affuté ?

 

La réponse est simple : quand on obtient du morfil. C'est ce petit excédent de métal qui subsiste sur le tranchant d'un outil que l'on vient d'affûter. Généralement, il est presque imperceptible. Je vous montre néanmoins ci-dessous le morfil d'un très grand couteau récemment forgé et qui est affuté pour la première fois. On distingue très nettement les aspérités ou barbes métalliques extérieures au véritable tranchant de la lame.

 

 

Sur vos couteaux, on ne distinguera pas vraiment le morfil mais on peut le sentir en passant le doigt sur le côté opposé du tranchant qu'on vient d'aiguiser (se reporter à la vidéo de FandeCouteaux plus haut).

 

Quand on obtient un peu de morfil, c'est signe que le tranchant a été restauré, du moins sur le côté qu'on affûtait. Il faut donc arrêter l'affutage sur ce côté du tranchant, éliminer le morfil et attaquer l'autre côté (ou s'il a été fait, passer au grain plus fin).

 

Quand votre couteau a besoin d'être affuté, c'est parce que son tranchant s'est arrondi. Pour restaurer son fil en V, il va falloir retirer un peu de matière, comme le montre la figure de gauche. Idéalement il vous faut vous arrêter quand vous avez atteint l'apex, c'est à dire le sommet du tranchant. Soit la figure du milieu. Sauf que rien n'indique ce fameux apex. Et quand vous dépassez légèrement ce dernier, vous repoussez un peu de matière de l'autre côté du tranchant. C'est le fameux morfil qui apparaît comme sur la figure de droite.

 

Pour ceux que cela intéresse, vous pouvez regarder la vidéo de Dean, qui montre le morfil au microscope et c'est très impressionnant mais aussi très instructif. La vidéo est en anglais mais vous pouvez activer les sous-titres. Allez directement à la 8ème minute. NB : le morfil en anglais se dit "burr", donc vous entendrez ce mot souvent dans cette vidéo.

 

 

 

6 - Eliminer le morfil

Pour éliminer le morfil, il suffit de travailler de la même manière son tranchant sur la pierre, en mettant juste un peu moins de pression, juste pour éliminer le morfil.

 

On passe ensuite à un grain plus fin de pierre, fonction de la dureté de son acier. Et on peut finir la lame sur le cuir pour éliminer encore une fois le fameux morfil. Comme vous l'apprend FandeCouteaux dans ce tutoriel bien fait.

 

 

 

 

7 - Entretenir régulièrement le tranchant

Plus le tranchant s'abime, plus il devient difficile à aiguiser. C'est un peu comme le gazon de votre jardin (si vous en avez un) ; si vous laissez l'herbe monter trop haut, votre tondeuse ne passe plus et il faut utiliser la débrousailleuse.  Pour un couteau, c'est pareil. Il vaut mieux redresser le fil de son couteau régulièrement que d'attendre que votre couteau ne coupe plus du tout pour l'aiguiser.

 

La notion de "régulier" est évidemment toute relative. Pour un boucher ou un chef cuisinier, ce sera tous les jours. Leur utilisation est en effet intensive. Pour un amateur qui n'utilise ses couteaux qu'occasionnellement, ce sera tous les 2 à 3 mois. Pour quelqu'un qui aime cuisiner et qui utilise ses couteaux régulièrement, ce sera plutôt toutes les semaines ou tous les mois.

 

Voilà qui conclut cet article fleuve qui réunit à peu près tous les conseils permettant de démarrer dans l'aiguisage des couteaux. J'espère qu'il vous sera utile.

 

 

 

 

 

 


11/07/2021
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Les différents outils pour aiguiser ses couteaux

 

 

Paris, le 26 juin 2021

 

Mama Mia ! Cela fait plus de 6 mois que je n'ai rien écrit sur mon blog. J'étais comme qui dirait en panne sèche. Sans doute à cause de la pandémie de la COVID-19. Rester enfermer chez soi n'aide ni à trouver l'inspiration ni à expérimenter de nouvelles choses.

 

J'ai néanmoins profité de ce temps long à domicile, entre 2 tailles de haies et 3 coups de pinceau, pour peaufiner ma technique d'aiguisage de couteaux. J'avoue que je n'étais pas très bon au début, en 2020, mais avec de la pratique, je m'améliore.

 

Et la pratique commence par la maîtrise de son outil.  Voici donc comment choisir les bons aiguiseurs à couteaux, en fonction de vos moyens, de vos couteaux et de vos ambitions.


SOMMAIRE

1 - Les aiguiseurs manuels

2 - Les aiguiseurs électriques

3 - Les fusils d'aiguisage

4 - Les aiguiseurs guidés

5 - Les pierres à aiguiser

6 - Les meules d'aiguisage et autres machines

 

1 - Les aiguiseurs manuels

Les aiguiseurs manuels sont de petits appareils relativement simples et rustiques, plutôt destinés à aiguiser les couteaux de cuisine de tous les jours que les couteaux en acier damas.

 

La plupart des aiguiseurs sont équipés de plusieurs fentes (comme le Mennyo ci-contre qui dispose de 3 fentes plus une fente pour les ciseaux), correspondant à différentes granulométries. Il faut d'abord glisser le couteau dans la fente à granulométrie la plus grosse avant de passer à une granulométrie plus fine jusqu'à ce que votre couteau soit correctement aiguisé.

 

Ne rêvons pas, le résultat obtenu ne sera jamais égal à celui d'un fusil ou d'une pierre d'aiguisage. Mais cela peut suffire pour quelqu'un de peu exigeant ou pour des outils assez grossiers comme les outils de jardinnage par exemple. Pour les autres, il vaut mieux se tourner vers d'autres outils.

 

Il existe aussi des modèles soi-disant révolutionnaires et basés sur un système de croix, comme on peut le voir sur le modèle Dealswin ci-dessous, mais qui est reproduit par de nombreuses autres marques. Il suffit de glisser le couteau dans l'angle formé par la croix et de faire aller et venir la lame comme pour un aiguiseur manuel traditionnel.

 

 

L'avantage de ce modèle est qu'il est simplissime d'usage et qu'il s'adapte naturellement à tous les angles de tranchant. Par contre, il n'aiguise qu'avec une seule granulométrie, celle de son X en carbure de tungstène, ce qui limite naturellement la qualité du tranchant obtenu.

 

NB : si vous ne le savez pas encore, tous les couteaux n'ont pas été usiné avec le même tranchant. L'angle du tranchant des couteaux de cuisine japonais est généralement de 30° et celui des autres couteaux entre 36° et 40°, comme l'illustre la figure ci-dessous, que j'ai empruntée à mes amis de "Knives and Tools". Et quand on aiguise un couteau, il vaut mieux respecter son angle de tranchant. Mais j'y reviendrai dans un autre article.

Tranchant japonais

Tranchant européen

 

 

2 - Les aiguiseurs électriques

L'aiguiseur électrique est une évolution de l'aiguiseur manuel. Il a donc a peu près la même compacité (il faut quand même caser le transformateur et le moteur électrique) mais son avantage principal est qu'il est plus rapide que l'aiguiseur manuel. Il suffit de passer le couteau successivement dans les différentes fentes pendant 10 s.

 

Certains modèles, comme le Chef's Choice 1520 peuvent même s'adapter aux angles d'aiguisage de 15° ou 20°. Evidemment, ils sont aussi plus onéreux. Compter plus de 230 € pour un modèle comme le 1520 de Chef's Choice. Et maintenant, vous savez pourquoi le modèle est numéroté 1520.

 

Les résultats obtenus sont similaires à ceux d'un aiguiseur manuel. Réservez donc cet outil aux couteaux de cuisine ordinaires. Personnellement, je pense qu'on peut faire beaucoup mieux pour moins cher, mais avec un peu plus d'huile de coude sans doute.

 

3 - Les fusils d'aiguisage

Le fusil d'aiguisage ressemble plus à une petite épée qu'à un fusil si vous voulez mon avis. Il est composé d'une tige abrasive (la mèche), généralement en acier diamanté ou en céramique et d'un manche en métal comme sur le fusil Global ci-contre, ou en bois voire en plastique.

 

Les fusils en simple acier sont des fusils d'affûtage. C'est à dire qu'ils ne servent qu'à entretenir de manière régulière le tranchant de votre couteau. Un peu comme doit le faire votre boucher.

 

A noter que la mèche de votre fusil devra être au moins aussi longue que la lame de votre couteau, pour garantir un bon résultat. Veillez donc à choisir la bonne longueur de fusil en fonction de vos couteaux.

 

Contrairement aux aiguiseurs manuels ou électriques, le fusil demande une certaine technique et donc un peu d'entrainement. Le célèbre fabriquant Wüsthof vous conseille de démarrer à la verticale, avant de procéder à l'horizontal, comme vous le montre cette vidéo ci-dessous.

 

 

 

Mais contrairement à ce qu'on pourrait croire (ou nous faire croire), le fusil n'aiguise pas vraiment. Il redresse le fil du couteau simplement. S'il est aussi prisé des chefs cuisiniers et de votre boucher, c'est qu'il permet d'entretenir le tranchant du couteau préalablement aiguisé. En somme, si vous utilisez vos couteaux quotidiennement, il reste important de bien les aiguiser avec les outils adéquats et d'entretenir leur tranchant grâce à un fusil d'aiguisage.


Nous allons donc dans cette seconde partie étudier les outils qui permettent d'aiguiser vraiment les couteaux.

 

SOMMAIRE

1 - Les aiguiseurs manuels

2 - Les aiguiseurs électriques

3 - Les fusils d'aiguisage

4 - Les aiguiseurs guidés

5 - Les pierres à aiguiser

6 - Les meules d'aiguisage et autres machines

 

4 - Les aiguiseurs guidés

Je vous ai parlé de l'importance de l'angle d'aiguisage ? Mais ce qui encore plus important (et c'est le plus difficile), c'est de conserver un angle d'aiguisage constant. C'est pourquoi certains fabricants ont eu l'idée de concevoir des systèmes de guidage. Une sorte de béquille qui nous aiderait à conserver le même angle.

 

Le système le plus abouti est probablement le Wicked Edge Generation 3 Pro, que l'on peut apercevoir ci-dessus et qu'on trouvait encore sur Amazon il y a peu ou sur knivesandtools.fr, pour la modique somme de 1 140 €... Oui vous avez bien lu, c'est juste exorbitant. Ne vous laissez pas impressionner, le système entier tient dans une simple mallette de bricolage.

 

Le système demande un peu de pratique quand même, pour attraper le coup de main. La vidéo ci-dessous (en anglais) vous explique notamment comment trouver le bon angle d'aiguisage avec le bon vieux truc du marqueur (un truc vraiment utile) puis les différents gestes et étapes vous permettant d'aiguiser votre couteau.

 

 

 

Wicked Edge fabrique des systèmes plus légers et moins chers, mais toujours basés sur le même système de bras articulés et les mêmes pierres diamantées propriétaires qui vous lient au même fournisseur pour longtemps.

 

 

Dans les systèmes guidés, on trouvera aussi l'astucieux système de HORL1993, le Horl 2 (pour 2ème version). Le système est composé d'un guide qui permet d'incliner la lame de 15 ou 20° et d'un système rotatif qu'on vient faire rouler le lon de la lame. Il se décline en 3 finitions, le Horl Cruise qui constitue l'entrée de gamme, le Horl 2 et le Horl 2 Pro qui dispose d'un engrenage planétaire qui triple le mouvement de rotation généré par le simple roulement.

 

 

 

 La vidéo promotionnelle vous explique la façon de procéder. C'est simple et efficace.

 

 

 

Horl 1993 propose des accessoires plus ou moins utiles mais je vous recommande les pierres en grain 3000 et 6000 qui vous serviront à polir vos lames japonaises si vous en avez.

 

 

 

Le Horl 2 se vend aux alentours de 140 €, auxquels il faut rajouter 90 € pour les 2 pierres (c'est une option), ce qui est loin du prix du Wicked Edge. Le Horl reste néanmoins plus limité car il ne sait aiguiser que certains types de lames et avec 2 angles fixes uniquement. Néanmoins, la simplicité et l'efficacité du système m'a séduit je l'avoue. Le moindre néophyte peut obtenir d'excellents résultats sans apprentissage.

 

5 - Les pierres à aiguiser

Les pierres à aiguiser (en anglais Whetstone) sont sans doute les outils les plus abordables, les plus efficaces et les plus polyvalentes. Avec des pierres on peut aussi bien aiguiser des outils que des couteaux. Ce sont de loin mes outils préférés (avec le Horl 2).

 

Il existe différentes sortes de pierres. Il y a d'abord les pierres naturelles, comme les pierres belges "Ardennes Coticule" et "Bleue Belge" ou les pierres américaines "Arkansas". Il existe aussi des pierres françaises comme "l'Ariégoise", pierre des Pyrénées destinée à aiguiser les outils comme les haches et sécateurs, ou encore italiennes comme celles utilisées par Opinel.

 

Il existe aussi des pierres sèches (comme celles utilisées par Horl sur ses finitions 3000 et 6000) et des pierres à eau ou à huile. Les pierres à eau sont les plus courantes et les plus efficaces. L'eau permet en effet d'évacuer les résidus de l'aiguisage qui pourraient boucher les pores de la pierre et la rendre inefficace ou rayer la lame et constitue avec les grains de la pierre une boue abrasive qui accélère l'aiguisage.

 

Les pierres les plus renommées sont les pierres japonaises, comme la Kasumi présentée ci-dessus. Mais on trouve aussi d'autres grandes marques comme Kai, Naniwa ou Suehiro. Pour ceux que cela interpellerait, la petite pierre permet de dresser la grosse pierre, c'est à dire d'aplanir la pierre quand celle-ci a été creusée par de trop nombreux aiguisages.

 

Utiliser une pierre d'aiguisage demande un certain temps d'apprentissage voire un temps certain. Avec les pierres, tout est manuel : pas de système de guidage ou de moteur électrique. Il faut donc maîtriser les notions de grains et d'angles d'aiguisage pour adopter les bons gestes. Et cela demandera de toutes les manières de l'entrainement.

 

La granulométrie d'une pierre est similaire à celle du papier de verre. Un gros grain très abrasif va de 100 à 200. Un grain moyen va de 1000 à 3000 tandis qu'un grain très fin ira de 6000 à 12000. Il faut donc pouvoir disposer de plusieurs grains et donc de plusieurs pierres. Achetez des pierres doubles faces. Cela vous permettra d'une part de disposer de 2 grains avec une seule pierre et d'autre part de faire baisser le prix de la pierre qui a tendance à monter avec le grain.

 

Attention, certaines pierres bon marché comme les Shan Zu affichent de belles granulométries (3000 par exemple) alors que leur granulométrie réelle est bien inférieure (de l'ordre de 800 pour une 3000).

 

Le tableau suivant vous donne les ordres de grandeurs des grains à utiliser :

 

Etat du couteau / Dureté de l'acier Grain recommandé
Couteau ébréché : le tranchant est abimé et on voit les irrégularités à l'œil nu Grain 100 à 220
Couteau émoussé : le couteau ne coupe plus même si on ne distingue pas d'irrégularité à l'œil nu Grain 200 à 800 en fonction de la dureté de l'acier

Couteau tranchant nécessitant un entretien régulier

  • Acier "mou" : HRC ~53 (qualité correcte)
  • Acier "dur" : 53 < HRC < 56 (le plus classique)
  • Acier "dur" : 56 < HRC < 60 (qualité pro)
  • Acier "très dur" : 60 < HRC < 62 (japonais type VG10)
  • Acier "très dur" : 63 < HRC > 66 (fragiles)

 

  • Grain 400 à 800
  • Grain 800 à 1000
  • Grain 1000 à 3000
  • Grain 3000 à 8000
  • Grain 8000 à 12000

 

Pour la part, je commence par un grain de 1000, avant de passer au 3000 puis 8000 pour mes meilleurs couteaux (des Kasumi Masterpiece).

 

Et je me suis beaucoup inspiré de "Fandecouteaux" et de son fameux tutoriel. On y retrouve le fameux truc du marqueur qui permet de déterminer l'angle du marqueur.

 

 

 

Pour émorfiler les couteaux (c'est à dire enlever le morfil) et si vous êtes un perfectionniste comme "fandecouteaux", vous pouvez utiliser un cuir et une pâte à polir, comme ceux de Kai, présenté ci-dessous.

 

 

 

6 - Les meules d'aiguisage et autres merveilleuses machines

Les meules d'aiguisage sont sans doute les outils les plus efficaces mais ils sont réservés aux professionnels ou semi-professionnels. Car la moindre erreur sur ce genre d'outil est amplifiée par le mouvement continu de la meule et se paie cash. Et leur prix est souvent dissuasif.

 

Une des références en la matière est le Tormek T-4 et son grand frère le Tormek T-8, vendus aux alentours de 375 € et 615 € respectivement. Ça pique un peu mais on est encore loin du Wicked Edge et on est dans les eaux des pierres japonaises de qualité. La Tormek, machine suédoise et non allemande, est composée d'une meule refroidie par eau et d'un disque de cuir pour l'émorfilage. La meule d'origine SG-250 possède un grain de 220. Mais on peut polir la meule avec le prépare-meule (la petite pierre foncée que vous voyez à droite de la photo) pour obtenir un grain de 1000. Tormek propose également une pierre japonaise SJ-250 (près de 300 € quand même) avec un grain de 4000.

 

Tormek T4

Pierre japonaise

 

 

Pour ceux et celles que cela intéresse, Tormek propose des tutoriels qui sont très bien faits et qui sont de plus en français.

 

 

 

 

 

Dans cette catégorie, je range également les machines à bande, telle que la Work sharp Ken Onion, illustrée ci-dessous et qui se vend aux alentours de 250 €. C'est une machine composée d'un moteur électrique entrainant la rotation d'une bande abrasive. La vitesse de rotation est réglable, mais elle reste bien supérieure à celle du Tormek, ce qui accélère le travail (ou les dégats) du rémouleur.

 

La machine est équipée de 2 guides en plastique noir de part et d'autre de la bande et qui permettent de conserver un angle constant d'aiguisage. Une petite molette située de l'autre coté de l'appareil permet de régler l'angle d'aiguisage au préalable. Il suffit ensuite de faire glisser le couteau le long du guide. C'est beaucoup plus simple que le système de Wicked Edge, de Tormek ou que les pierres à aiguiser, même s'il y a comme toujours un petit coup de main à attraper.

 

 

 

 

 

Le Work Sharp Ken Onion

Le Ken Onion et son extension

 

L'avantage mais aussi inconvénient de ce genre de machine réside dans la flexibilité de sa bande. Elle n'est pas rigide contrairement à la pierre de meule. Du coup, elle s'adapte naturellement à des émoutures convexes mais va aussi arrondir vos tranchants en V. Ce n'est pas gênant tant que vous utilisez la même machine. Mais si vous repassez à un aiguisage sur pierre, il faudra passer un certain temps à refaire le V.

 

Tous les couteaux ne passent pas non plus dans les guides et il est alors nécessaire d'acquérir l'accessoire "Blade Grinding Attachment" vendu pour la modique somme de 110 €...

 

L'usage de la machine et de son extension (optionelle) est commenté par "FandeCouteaux" (encore lui) dans la vidéo ci-après. A noter que comme pour la meule d'aiguisage, ce genre de machine peut faire des dégats très rapidement. Vous pourrez d'ailleurs le constater dans la vidéo.

 

 

 

7 - En conclusion

Pour celles et ceux que j'aurais convaincu d'utiliser des pierres à aiguiser, je traite de l'angle d'aiguisage et de l'émorfilage de manière plus complète dans un article sur l'aiguisage des couteaux. Sinon, j'espère  vous avoir éclairer sur les différents outils possibles, ceux à éviter (les aiguiseurs manuels autant que faire se peut), les limites de certains (les fusils qui ne font qu'entretenir) et les avantages des autres (le Horl notamment).

 

N'hésitez pas à laisser vos commentaires, que vous soyez d'accord ou pas, c'est fait pour cela.


27/06/2021
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Windows 10 : le bluetooth a disparu

 

 

 

Paris, le 18 décembre 2020

 

 

Cela fait maintenant presque 2 mois que nous sommes reconfinés. Et donc en télétravail, comme beaucoup d'entre vous. J'utilise intensivement mon PC portable. Un ultraportable pour être précis. C'est un équipement plus fin et plus léger qu'un portable traditionnel mais qui, en contrepartie, possède une connectique réduite : pas de prise réseau (RJ45) et peu de prises USB (2).

 

C'est pour cela que j'utilise en priorité, malgré ces nombreux défauts, le Bluetooth pour connecter mes périphériques préférés comme mon casque audio, ma souris et mes enceintes (histoire d'écouter un peu de musique). Alors imaginez ma détresse quand un beau jour, en plein milieu d'une réunion, ma connexion Bluetooth s'interrompt sans crier gare.

 

J'ai fini par réussir à tout remettre en ordre, mais après quelques heures de transpiration bien intense. La solution était simple mais elle s'est faite désirer, car la plupart des sites spécialisés n'en parlent pas. D'où ce petit guide de survie sur les pannes Bluetooth. Attention, je ne traite pas ici des problèmes de connexion entre appareils.

 

Sommaire

1 - Contrôler l'activation du Bluetooth

2 - Lancer un diagnostic Windows

3 - Vérifier ou réinstaller le pilote de la carte Bluetooth

4 - Redémarrer le service Bluetooth

5 - Rédémarrer (vraiment) le PC - la bonne solution

 

1 - Contrôler l'activation du Bluetooth

Le Bluetooth, c'est simple mais instable. Je perds par exemple régulièrement la connexion entre mon PC et ma souris. Rien de grave, il suffit simplement de réappairer les deux, et cela repart. Sauf que là, impossible. Pour la simple et bonne raison que le Bluetooth avait disparu de mon PC.

 

1.1 - Contrôler barre de tâche et centre de notification

 

Mon premier réflexe a été de rechercher la petite icône du Bluetooth dans ma barre de tâche. Cette petite icône bleue bien connue qui se cache en bas à droite de votre écran. Mais qui ne se trouvait plus là...

 

 

 

 

 

 

 

Par acquis de conscience, j'ai quand même regardé dans le centre de notifications. On ne sait jamais. Peut-être que par miracle j'y trouverai le bouton habituel pour activer le Bluetooth. On accède au centre de notification en cliquant simplement sur l'icône "Dialogue" tout à droite de cette même barre de tâche.

 

Le centre de notifications ressemble à l'image ci-contre. Il y a deux boutons qui permettent d'activer ou de désactiver le Bluetooth. Le premier est le mode avion, qui permet de couper tous les réseaux radio (Wifi et Bluetooth), le second est le bouton Bluetooth lui-même.

 

Bouton que j'ai entouré en rouge ici et qui est normalement présent quand tout fonctionne normalement. Mais dans mon histoire de panne, ce fameux bouton avait également disparu.

 

Rien de très étonnant cependant. Si l'icône du Bluetooth n'était pas dans la barre de tâche, il y avait peu de chance pour retrouver un quelconque bouton dans le centre de notifications.

 

Me restait encore une dernière vérification de principe. Le bouton d'activation du Bluetooth dans les paramètres Windows. C'est un bouton qui correspond normalement au raccourci que vous trouvez dans le centre de notification.

 

Vous me direz : s'il n'est pas dans le centre de notification, il y a peu de chances qu'il soit dans l'écran des paramètres. Et vous aurez raison. Mais avec Windows, il vaut mieux vérifier deux fois qu'une...

 

 

 

 

 

 

 

1.2 - Contrôler les paramètres Windows

 

Direction donc les paramètres. Il suffit de sélectionnez le bouton Démarrer, puis de cliquer sur Paramètres  > Périphériques   > Bluetooth et d’autres appareils pour s'assurer que la fonctionnalité Bluetooth est activée.

 

 

Comme on peut le voir sur la copie d'écran ci-dessus, le bouton Bluetooth encadré en rouge permet d'activer ou de désactiver la fonction Bluetooth de votre ordinateur. Je m'attendais donc à retrouver ce fameux bouton en mode désactivé ou au pire grisé.

 

Et bien non, pas de bouton d'activation non plus. Mes périphériques Bluetooth que vous pouvez voir par ailleurs apparaissaient bien mais avec la mention "Bluetooth désactivé" au lieu des habituels "Connecté" ou "Couplé".

 

2 - Lancer un diagnostic Windows

A ce moment de l'histoire, la situation commence à craindre un peu. Cela commençait à ressembler à une panne matérielle. Dans ce cas, la première chose à faire (parce qu'on vous demandera toujours de le faire quoiqu'il arrive) est de lancer l’utilitaire de résolution des problèmes Bluetooth.

 

Cet utilitaire est un peu caché, comme si Microsoft avait honte de cette fonction ou ne savait pas où la ranger. Il faut effectivement aller la chercher dans "Windows Update". Fonction qui n'a pas grand-chose à voir avec les diagnostics, quoiqu'en disent les mauvaises langues sur la qualité des mises à jour de Microsoft.

 

Sélectionnez Démarrer, puis Paramètres > Mise à jour et sécurité > Résoudre les problèmes. Dans Utilitaires supplémentaires de résolution des problèmes, sélectionnez Bluetooth, puis Exécuter l’utilitaire de résolution des problèmes et suivez les instructions.

 

 

 

Le résultat de ce diagnostic fut je l'avoue quelque peu décevant et toujours plus inquiétant. Comme vous pouvez le constater ci-dessous, l'utilitaire m'indique que mon ordinateur est dépourvu de carte Bluetooth et que par conséquent cette fonction ne peut être activée.

 

 

 

Quand un utilitaire vous affirme que votre ordinateur est dépourvu de la fonctionnalité Bluetooth que vous utilisez pourtant depuis des années, c'est qu'il est temps de passer à la vitesse supérieure et de descendre dans les entrailles du PC.

 

3 - Vérifier ou réinstaller le pilote de la carte Bluetooth

3.1 - Vérifier les mises à jour

 

Le plus simple est déjà de vérifier s'il n'existe pas une mise à jour de votre pilote, ce qui pourrait par chance résoudre votre problème. Reprenons la direction de Windows Update.

 

Sélectionnez Démarrer, puis Paramètres > Mise à jour et sécurité > Afficher les mises à jour facultatives. Cliquez enfin sur "Mise à jour du pilote" pour lister les mises à jour disponible pour votre PC et sélectionnez les pilotes Bluetooth s'ils sont proposés.

 

 

 

 

 

Dans mon cas, je n'avais pas de mises à jour à faire. Néanmoins, voici à quoi pourrait ressembler l'écran des mises à jour facultatives avec une carte Qualcomm Atheros.

 

 

Je n'ai pour ma part jamais résolu de problème de ce type avec une mise à jour de pilote, mais cela vaut toujours le coup d'essayer. On ne sait jamais, sur un malentendu...

 

3.2 - Réinstaller le pilote

 

Je me suis donc résolu à forcer une nouvelle installation de mon pilote Bluetooth. Pour cela, deux méthodes existent. La première consiste à supprimer la carte dans le gestionnaire de périphérique (à supposer qu'elle apparaisse encore dans ce dernier) pour forcer Windows à faire une réinstallation. La deuxième nécessite que vous connaissiez le type de votre matériel, afin d'aller télécharger le pilote sur le site du constructeur.

 

Attaquons par la première méthode. Lancez le gestionnaire de périphérique. Pour cela rien de plus simple. Tapez simplement "périphérique" dans la zone de recherche de la barre des tâches, en bas à gauche de votre écran) puis sélectionnez Gestionnaire de périphériques dans la liste des résultats.

 

Normalement, vous devez voir apparaître une section appelée "Bluetooth". Il suffit de développer l'arborescence Bluetooth et de sélectionner le matériel de votre PC. Dans mon exemple "Intel(R) Wireless Bluetooth(R). Enfin, cliquez avec le bouton droit de la souris et sélectionnez "Désinstaller l'appareil" dans le menu contextuel. Il suffit ensuite de redémarrer pour que Windows réinstalle le pilote.

 

 

Dans mon cas, la section Bluetooth n'existait pas. Et oui, comme l'indiquait l'utilitaire de résolution des problèmes, mon PC ne disposait pas de fonctionnalité Bluetooth.

 

Comme je suis du genre têtu, je suis aussi allé voir dans la section "Cartes réseau" car normalement, on doit également retrouver dans cette section une entrée Bluetooth.

 

Comme on le voit sur la copie d'écran de gauche, on retrouve bien (quand tout marche à peu près) l'entrée Bluetooth et on peut donc forcer sa réinstallation. Dans mon cas, cette entrée n'existait plus. Néanmoins, je savais que la carte Bluetooth de mon portable était intégrée dans la carte Wifi (dans un ultraportable, tout est compacté au maximum). J'ai donc choisi de désinstaller ma carte Wifi (copie d'écran de droite) et de redémarrer.

 

 

Le redémarrage de mon PC n'a malheureusement rien donné. Ceci dit, c'est souvent un moyen de résoudre les problèmes de plantage. J'ai donc été très déçu du résultat.

 

Je me suis dit néanmoins que Windows n'avait dû réinstaller que le pilote Wifi. J'ai donc insisté en allant chercher le pilote sur le site d'Intel. C'est la 2ème méthode.

 

En cherchant via Google avec les mots clés Intel AC 9560, je tombe du premier coup sur le site du support Intel. Il m'a suffit de télécharger le pilote Bluetooth (encadré en rouge dans la copie ci-dessous). Intel fournit un exécutable qu'il suffit de lancer pour installer le pilote.

 

 

 

Malgré un nième redémarrage de mon PC, ce dernier restait obstinément fermé au Bluetooth. J'ai donc continué mes investigations.

 

 

4 - Redémarrer le service Bluetooth

Il arrive parfois qu'une mise à jour fasse planter le service Bluetooth. Ce service tourne normalement en tâche de fond comme vous pouvez le voir sur la copie d'écran ci-dessous, issu du gestionnaire de tâche. Reportez-vous à la ligne "Service de prise en charge Bluetooth".

 

 

Pour relancer le service, il faut accéder à la console des services. Tapez simplement dans la barre de recherche Windows "services.msc" et sélectionnez Services dans la liste des résultats. La liste des services Windows est classée par ordre alphabétique. Il faut donc rechercher la ligne "Service de prise en charge Bluetooth".

 

 

Le service doit être "En cours..." avec un démarrage "manuel". Certains préconisent un démarrage automatique mais cette configuration pourrait venir contrarier la configuration du Bluetooth, surtout si vous souhaitez un jour désactiver le Bluetooth dans les paramètres.

 

Pour démarrer le service, il suffit de sélectionner le service, de cliquer avec le bouton droit de la souris et de sélectionner "Démarrer" dans le menu contextuel.

 

Malgré toutes ces manipulations, je n'arrivais toujours pas à avoir le Bluetooth sur mon PC. Jusqu'à ce que je trouve la solution.

 

5 - Redémarrer (vraiment) le PC

Redémarrer le PC. Vous allez me dire, si vous avez bien lu ce billet, que j'avais déjà redémarré mon PC. C'est vrai. Mais il faut en fait forcer l'arrêt du PC en maintenant une pression de plusieurs secondes sur le bouton de mise sous tension afin que celui-ci s'éteigne ! Cela marche sur tous les boîtiers ATX, portable ou PC de bureau.

 

[edit du 16 juillet 2021] : cette pression continue a pour effet de couper l'alimentation du PC. Ce qui doit permettre à certains composants électroniques de se décharger et de réinitialiser le matériel. Vous pouvez arriver à ce même résultat en coupant l'alimentation de votre boitier ou tour et en attendant plusieurs secondes (sauf si vous êtes sur un PC portable où il faut retirer la batterie pour arriver à ce résultat).

 

Il suffit ensuite de redémarrer. Et voilà le problème résolu...c'est vraiment tout bête mais il fallait y penser. Bon, maintenant, je vais enfin pouvoir retravailler normalement.

 

 

 

 

 

NB : vous pouvez consulter l'article assez général mais bien fait de Microsoft sur la résolution des problèmes liés au Bluetooth ici.

 


18/12/2020
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