La boîte à idées - Le blog de Jean Chambard

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Motors and Soul

Motors and Soul est un événement organisé par l'association Virage8, réunissant les amateurs de motos et d’autos de caractère, ceux qui croient que les moteurs ont des âmes, ceux qui partagent les valeurs de liberté et de respect de cette association, ceux qui aiment les belles motos simplement...

Nous avons participé à l'édition 2015, deuxième du nom, de Motors and Soul. Programme, impressions et photos...


Demandez le programme

L'événement se déroule sur un week-end mais le dimanche n'est que la redite du samedi. Cela permet à chacun de choisir son jour. On nous a promis une journée pleine de convivialité et d’authenticité, autour des moteurs, des motos et des autos anciennes. Une journée avec des expositions d’art, de machines préparées, d’équipements, de voyagistes, mais surtout des essais de motos avec les constructeurs partenaires, un festival du film moto et auto de caractère, un mini-concert, un défilé de mode participatifdes conférences voyages, et une tombola. Ainsi que la possibilité de participer à une balade, sur les routes viroleuses, scéniques ou zen de la vallée de Chevreuse.

Voyons si la journée tient ses promesses.


La dernière station avant l'autoroute

Tout commence à la station service. Vous connaissez l'autonomie des motos ? Entre 250 et 350 km maximum. Il vaut donc mieux faire le plein que risquer la panne sèche en plein virage.
Nous sommes donc en train de ravitailler les motos quand arrive un gang d'une dizaine de motards, formant un ensemble relativement hétéroclite : roadsters, scramblers, GS, engins néo rétro (une belle XJR 1300 new look notamment) et cerise sur le gâteau, un trike conduit par la matriarche du groupe, tout de cuir noir vêtue.

Qu'est-ce qu'un trike ? C'est un engin hybride, à 3 roues, comme celui de la photo ci-contre. Les deux roues sont disposés à l'arrière au lieu d'être à l'avant comme sur un Can-am Spyder ou un scooter Piaggio MP3.

Le genre d'engin qui cumule les inconvénients de la voiture (largeur, virage à plat) et les inconvénients de la moto (faibles protections contre les intempéries, faible capacité de bagage, autonomie réduite).  Les avantages ? On peut prendre un passager à  l'arrière, sans problème de taille ou d'age (ou presque). Pour le reste, je ne vois pas...

Une fois les pleins faits et la pression des pneus contrôlée, nous voilà donc repartis en procession vers ce qui semble être le point de rendez-vous des motards de tous poils.

 

La bécane est dans le pré

Moto Magazine est partenaire de l'événement. L'article publié par le journal annonce que l'événement chic et choc se
tiendra dans le cadre prestigieux de la ferme d'Armenon, dans le 91.

Prestigieux, il ne faut pas pousser Mémé dans les haricots, tout de même...Il s'agit d'une vraie ferme, avec de vrais tracteurs, de vrais champs de blé, un véritable fermier et sa fermière, un authentique potager...et des poules. C'est aussi une très belle maison d'hôtes aménagée autour d'une belle demeure du 18ème siècle en pierre de meulière, entourée de granges, d'arbres, de pelouses...et de poules (la photo en témoigne).
Même si nous sommes en terrain connu, il ne faut pas rater la petite route en angle droit qui mène à la ferme, éviter un beau nid de poule (encore elles, c'est un complot !) au milieu, puis le chemin tout en gravier, que les motards adorent. Enfin, la barrière franchie, il faut trouver sa place au soleil dans le pré qui jouxte la propriété (pas la belle pelouse non, juste le pré).

 

Je n'reconnais plus personne

L'événement commence à 10H00. Un horaire matutinal incompatible avec nos habitudes du dimanche. 10H45 est déjà plus raisonnable...Nous venons à peine de poser les casques qu'un groupe de Harley Davidson, parti sans doute vers 10H15 fait son grand retour en pétaradant à qui mieux mieux.

Alors forcément, cela nous  donne envie de nous frotter au mythe, d'enfourcher une de ces motos de légende et de partir sur la non moins prestigieuse route (départementale) 66 qui traverse toute l'Essonne d'est en ouest et de rouler, rouler...faire du fantasme de tout motard une réalité.

Nous jetons notre dévolu, Pascale et moi, sur de superbes "Forty-Eight", tout en chrome. Il y a bien aussi ces "iron 883" qui nous font de l’œil mais leur position de conduite est moins radicale, moins typée Harley, du moins dans l'idée qu'on s'en fait. Quitte à se frotter au mythe, autant partir sur celle qui vous met les pieds en avant et les bras bien écartés. Les Forty-Eight, ce sont des sportsters, avec un réservoir étroit voire minuscule (8 l, soit 100 km d'autonomie annoncée !), un bicylindre énorme de 1200 cc, et des doubles silencieux gros comme çà. Pour un poids tout mouillé de 255 kg...Ça reste lourd pour une moto moderne (à titre de comparaison toute relative, une MT-09 fait 190 kg, tout plein de 17 L fait).

Nous avons de la chance, ce sont des modèles de 2015, car elles disposent du système de démarrage sans clé et de l’ABS en série. J'appuie sur le starter (et voici que je quitte la terre) : le bicylindre s'ébroue dans un bruit caractéristique des Harley Davidson. Nous voilà donc partis pour une demi-heure de balade dans la vallée de Chevreuse.

Premier virage et première surprise, on a volé les cales-pieds ! Ooops, ah oui c'est vrai, ils sont devant. Et les rétros, ou sont passés les rétros ? Ah oui, sous les poignées, c'est vrai qu'au dessus, c'est trop pratique. Et les comodos de clignotants ? Un de chaque coté, à l'ancienne, comme chez BMW. il faut presque tout réapprendre.

Passée la première surprise, ce n'est pas si mal que cela, cette position de conduite. Ca n'incite sans doute pas à aller vite, d'ailleurs on frotte vite des cales-pieds, mais ce n'est pas désagréable. Le confort reste approximatif, surtout quand on vient comme moi d'une BMW R1200R et la moto vibre comme toute Harley qui se respecte. Elle ne freine pas très fort non plus, mais ce n'est pas vraiment nécessaire non plus. Car à moins de vouloir aller directement au paradis, on ne peut guère aller à un train d'enfer...

 

Mon avis sur les Harley ? Ce n'est pas pratique du tout, mais çà en jette un max. La Forty-Eight, c'est une moto faite pour parader et faire 50 km avant d'aller se poser en terrasse au café "Chez Lucky", le rendez-vous de tous les motards du pays.

Ou encore d'aller voir son kiné ? Car le moteur a un sacré couple, et c'est çà qui plait. Mais il viiiiibbbre.

 

Ghost Rider est parmi nous

Histoire de se remettre de nos émotions, nous passons dans le "village", c'est à dire la cour intérieure de la vraie ferme, avec ses vraies granges transformées pour l'occasion en faux stands de motos. Il y a de tout. Une bande de musiciens vient de s'installer sur des vieilles charrues, on se  croirait un peu au festival qui porte le même nom. Il y a le stand de l'association Virage8, celui de BMW, d'Harley Davidson et de Moto Guzzi, des stands de vêtements et d'équipements comme Vintage motors ou Lady ZigZag, des préparateurs comme Vtwin Corner ou S-One, spécialistes de la customisation et location de Harley, ou, plus original, le stand de Vintage Rides, qui organise des voyages en "Royal Enfield" à travers l'Inde, l'Himalaya ou encore la Mongolie.

Mais le plus intéressant ou le plus amusant reste encore l'exposition des motos, montées de toutes pièces, préparées ou d'usine. On y voit de belles R Nine T, une MV Agusta dragster toujours aussi belle, ainsi qu'une F3 , du même constructeur, très exclusive. Il y a aussi quelques raretés comme une Buell customisée, datant d'avant le rachat par Harley.

 

 

#Chef, on a faim

Tout ceci creuse l'appétit. Heureusement, il y a le food truck festival. Trois food trucks pour le plat principal, et un pour le dessert. Plus un stand "buvette" tenu par deux jeunes gens fort sympathiques mais qui avaient dû trop fumer de marie-jeanne ou écouter trop fort Bob Marley juste avant.

Nous passons juste avant le grand rush, le retour de la horde sauvage partie à l'assaut des routes de l'Essonne, et qui revient de sa chevauchée fantastique. Heureusement, les poules (mouillées) se sont cachées et ont laissées le champ libre aux motos.

 

 

Gouzis Gouzis

L'essai de la Harley nous a laissé un peu sur notre faim, et la collation du midi n'y a rien changé. La R Nine T étant prise d'assaut, nous nous rabattons sur l'autre bicylindre en V du circuit, transversal celui-là, celui de Moto Guzzi. Madame tente la V7 II dans sa version scrambler tandis que je me cantonne à la version d'usine. Il faut avouer qu'elle est belle dans sa robe rouge, même si elle parait un peu petite à coté de sa grande sœur, la Griso. Que dire des monstres de 1 400 cc qui dorment derrière, les triplées Audace, California et Eldorado. On se sent petit à coté et on a peur de les prendre en main tellement elles en imposent. Oui, le V7 deuxième du nom suffira bien à notre bonheur.

Comparé au bruit de 2 cv que fait le bicylindre à plat de BMW, celui de Moto Guzzi est franchement plus grave et plus viril. Mais on sent toujours le couple de renversement, comme sur la BM.

L'embrayage est doux, mais impossible de trouver le point mort sur cette moto d'essai, tant pis, il faudra faire avec. A bord, c'est franchement ambiance rétro, avec les deux compteurs à l'ancienne et les silencieux chromés qui vous jouent leur mélodie.  Mais la V7 reste une moto hyper facile à piloter, les commandes tombent facilement sous les mains ou sous les pieds...pas comme sur la Harley.

Pour ceux qui veulent goûter au charme du rétro avec une belle moto facile à manier, qui donne du plaisir avec la sécurité de la modernité (ABS et anti-patinage quand même) la Guzzi est faîte pour vous...

 

Ces merveilleux fous roulants sur leur drôles de machines

L'essai à peine fini, on enchaîne avec la balade version routes scéniques. Et il y a un monde fou. La route ressemble à une journée de manifestation de motards en colère. On comprend mieux pourquoi Moto Magazine est partenaire de l'événement. Les moteurs grondent et le convoi passe. Une heure de roulage en meute, avec des Harley, des Triumph aussi, rétro et modernes, des Béhèmes, des Yam, des Ducat, des Suzuki, des Hondas, et même une Royal Enfield.

On aperçoit aussi quelques casques superbement décorés, comme celui de la Muerte.

 

Tout ceci est hétéroclite et sympathique, et roule plutôt gentiment, sans forcer.

 

 

 

 

 

Les voyages forment les motards

Nous ne sommes pas fâchés de rentrer après cette petite heure de balade. Nous lézardons un peu au soleil avant de reprendre le cours notre programme qui nous amène à écouter le récit d'un road-trip pas comme les autres. Celui d'une journaliste qui s'est mise dans la tête de retracer l'histoire d'une Royal Enfield, et de faire Londres - Delhi à moto. Ces motos ont en effet été créées en Angleterre à la fin du 19ème siècle, ont équipé l’armée indienne en 1949 avant que des Indiens ne reprennent l'affaire en 1994. Alors elle projette de suivre la route du commerce à travers le Royaume-Uni, la France, l'Italie, la Slovénie, la Croatie, la Serbie, la Bulgarie, la Turquie, l'Iran et enfin l'Inde (en évitant le Pakistan au milieu).

Imaginez quand même, plus de 10 000 km sur une moto qui ne dépasse pas le 100 km/h, et qui n'offre pas vraiment de protection. Il faut vraiment aimer voyager en prenant son temps. La plupart d'entre nous prendrait une GS ou une Africa Twin. Mais pas une Royal Enfield...

Fabienne Dupuis, car tel est son nom, est une journaliste aguerrie aux voyages (elle poste des photos sur sa page Facebook que vous pouvez consulter) mais est plutôt novice en ce qui concerne la moto. Elle nous raconte qu'elle a dû passer son permis, prendre des cours de mécaniques, acheter des outils dont elle ne ne soupçonnait même pas l'existence, chercher des sponsors et des soutiens, créer une page Facebook pour faire connaître son projet, effectuer des démarches administratives kafkaïennes. Faire circuler une moto d'un continent à l'autre ressemble à un vrai parcours du combattant. Elle raconte son voyage dans un livre. Comment elle a failli échouer en Iran, à Bazargan, faute d'un carnet de passage trop cher à acquérir, avant de trouver une solution de rechange et atteindre Delhi.

Elle n'est pas la seule femme à avoir tenter l'aventure. Karine Malgrand a fait le même périple à l'envers en 1997, de Delhi à Londres, toujours en Royal Enfield. En franchissant le Pakistan. Quand on est une femme et seule de surcroît, il faut oser..

 

Route, quand tu nous tiens...

Allez, tu viens ma poule ? on y va...



08/09/2015
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