La boîte à idées - Le blog de Jean Chambard

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Un intercom moto : pour quoi faire et lequel choisir

 

Il se trouve que ma femme et moi sommes tous les deux des motards. Et quand nous partons en ballade, nous nous perdons de vue parfois. Ou nous nous perdons tout court. Et quand nous ne sommes pas d'accord sur le trajet à prendre, nous sommes obligé de faire de grands gestes et de nous arrêter finalement pour parlementer, visière ouverte pour s'entendre. Et j'ai souvent souhaité pouvoir disposer d'un moyen de parler avec ma femme. En fait, je rêvais d'avoir un intercom. Mais j'avoue que la vision des coursiers avec leur micro attachés à leur casque modulable m'a souvent refroidi. Plus le fait qu'il fallait souvent choisi entre parler entre motards ou se "pairer" avec son téléphone pour recevoir les appels et entendre le guidage de son GPS (Waze en l'occurrence). Mais ça c'était avant.


Un intercom, mais pour quoi faire ?

Des intercom, il en existe de toutes sortes et de tous poils. Car à chaque usage correspond un type d'intercom. Je ne vous parle pas des kits mains libres, qui offrent la possibilité de répondre aux appels reçus sur votre smartphone, ou plus généralement d'entendre ce que votre smartphone émet (musique, instruction GPS, etc.). Notez que depuis 2015, les kits mains libres filaires ne sont plus tolérés et seuls les kits bluetooth pilotables vocalement sont autorisés. Non, je vous parle des intercoms, qui font comme les kits mains libres mais qui ajoutent à cela la possibilité de communiquer avec son passager également équipé, voire avec un ou plusieurs autres motards au sein d'un même groupe en balade. Et çà, il n'y a qu'un intercom qui puisse le faire. Avec un smartphone, vous ne pouvez pas parler à trois ou quatre.

 

La première fonction d'un intercom (sans fils, rappelons que c'est obligatoire) est de pouvoir se connecter en bluetooth avec votre smartphone, ce qui vous permet de recevoir des appels sur votre appareil pendant que vous roulez. Vous pouvez naturellement aussi passer des appels, mais vous avez intérêt à bien maîtriser les commandes vocales de votre appareil si vous voulez que ce dernier vous comprenne.

 

Une fois connecté à votre smartphone, vous pouvez naturellement bénéficier de nombreuses autres fonctions comme écouter de la musique (il faut qu'il supporte le profil AD2P mais c'est pratiquement toujours le cas), ou lancer votre GPS (Google Maps, Bing Maps, Waze, etc.) et écouter les instructions vocales de guidage, sans avoir à regarder l'écran de votre smartphone, par ailleurs dans votre poche. A noter que vous pouvez aussi recevoir les alertes des zones dangereuses et ainsi mettre la pédale douce et préserver les points de votre permis.

 

Certains intercoms vous permettent de continuer à écouter de la musique en arrière plan et de communiquer avec les autres motards, mais cette fonction se fait forcément au détriment de la qualité du son d'une voire des deux communications. Et comme avec la vitesse, le son est parasité par les sifflements de votre casque, si en sus vous rajoutez musique et voix des autres, cela donne un joyeux gloubiboulga.

 

La plupart des intercoms disposent d'un tuner radio intégré. Il vous suffit alors de pré-sélectionner les stations de votre choix et ainsi écouter musique et informations tout en roulant. Cela économise de surcroit la batterie de votre smartphone.

 


En parlant de batterie, certains rabats-joies me feront remarquer qu'utiliser un GPS sur son smartphone met la batterie à plat justemet. C'est vrai. Et c'est pour cela qu'il vaut mieux disposer d'un GPS moto si vous faites de longs trajets. Il faut alors disposer sur votre intercom de 2 canaux bluetooth : le premier pour communiquer avec votre smartphone (et recevoir ainsi SMS et appels) et le deuxième pour recevoir les instructions vocales de votre GPS moto. Vous n'êtes ainsi plus obligé de regarder l'écran de votre appareil, si ce n'est pour vérifier de temps à autre que vous avez bien interprété l'instruction "prendre la 3ième sortie à droite après le feu".

 

Enfin, l'intercom vous permet de discuter avec vos amis motards, que ce soit avec votre passager, dans une balade en duo ou en groupe de quatre à quinze motards. Oui oui, jusqu'à 15 motard pouvant parler tous en même temps, sur un rayon de 8km, quel joyeux bazar cela peut devenir.

 

 

Quel intercom choisir ?

Nous supposerons ici que vous cherchez un intercom qui puisse communiquer avec votre smartphone, voire votre GPS et communiquer a minima avec un autre motard, sans avoir à choisir entre l'un et l'autre. Oui car comme la plupart des intercom utilisent le bluetooth pour la communication inter-motards, cela bloque forcément un canal de communication. Mais comme on va le voir, certains modèles permettent de s'affranchir de cette contrainte.

 

Vous pouvez opter pour un système intégré, qui comme son nom l'indique, est déjà intégré au casque. Son avantage est donc qu'il est hyper discret. L'inconvénient est qu'il est forcément spécifique à votre casque. Si vous changez de type de casque, adieu votre bel intercom. Evidemment, si vous reprenez le même casque, la question ne se pose pas, mais comme on ne change de casque que tous les 7 à 10 ans, il n'est pas sûr que vous puissiez retrouver le même.

 

Le leader incontesté de ce type d'intercom intégré est sans conteste l'américain Cardo Systems, qui fabrique notamment pour Schuberth (le fameux SRC-System)  et Shoei des systèmes intégrés. L'idée est simple : il suffit de clipser sur votre casque le système qui forme comme un collier autour du casque, et de glisser écouteurs et micro à l'intérieur. Sur le Shoei (à droite), le système est plus compact mais moins bien intégré au casque.

 

 

 

Ces systèmes n'étant pas de toute dernière génération, il n'est pas possible d'utiliser autre chose que le canal de communication par bluetooth. Ce qui vous amènera forcément à faire un choix. Mais probablement qu'un mise à jour prochaine lèvera cette limitation. C'est d'ailleurs le cas du Cardo Smarth, spécifiquement développé pour les casques HJC, ultra-mince (puisque la batterie est séparée) et intégrant la technologie DMC (Dynamic Meshwork Communications - soit un réseau maillé dynamique) de Cardo, dont je vais vous parler.

 

En fait, si l'on s'intéresse aux intercoms un tant soi peu évolués, sur lesquels on puisse connecter un GPS, un smartphone et causer a minima en duo, il n'y a que deux grands marques qui permettent de faire cela facilement, il s'agit de Cardo Systems, déjà cité plus haut, et un autre américain Sena. A noter que Sena fait aussi des casques de moto intégrés, les casques Momentum, mais dont je ne connais pas trop la valeur face aux spécialistes que sont Shoei, HJC et les autres. Pour protéger ma tête, je reste très conservateur.

 

Sena propose deux grands modèles d'intercom, qui sont le 20 S EVO et le 30 K (oui je sais, côté marketing et noms, ils ne sont pas si forts que cela ces américains). Les deux modèles supportent la technologie de réseau maillé (mesh network). Le principe est assez simple : chaque motard constitue un noeud de communication et peut relayer la communication vers ses voisins, ce qui permet d'atteindre une portée de plusieurs km. Et comme un dessin vaut mieux qu'une interminable explication, voici comment Sena présente sa technologie, en tout point similaire à celle de son concurrent Cardo Systems.

Le 30 K est le haut de gamme de Sena, pouvant interconnecter jusqu'à 16 motards (1 de mieux que Cardo) dans un rayon de 2 km (5 de moins que Cardo). Le 20 S EVO est une évolution du 20 S et présente une antenne fixe de type aileron de requin, à la différence de l’ancienne version dotée d’une antenne mobile, tout comme le 30 K. Le 20 S EVO n'intègre malheureusement pas la technologie de réseau maillé et c'est bien dommage. A part ces différences, les 2 modèles se ressemblent beaucoup.

 

 

Comme vous pouvez le voir sur la figure ci-dessus, le 30 K est composé de l'intercom, relativement compact avec son antenne mobile qu'on a toujours peur de casser (gageons que le 30 K EVO intègrera une antenne en aileron de requin), que l'on branche sur un support universel. Ce dernier est aussi chargé de recevoir la connectique vers le micro et les hauts-parleurs.

 

Et c'est là sans-doute que le bas blesse chez Sena. La connectique est à l'extérieur !! Autant dire que l'appareil n'est en rien certifié contre la poussière ou la pluie (IPS67). Ce qui signifie que vous risquez tout bonnement de ruiner votre intercom à la première grosse averse. Et au prix de l'appareil, c'est vraiment un scandale. Cela peut paraître incroyable mais le forum de Sena est bourré de messages de clients étonnés d'avoir tué leur intercom en prenant la pluie. EN l'état, il est juste impossible de recommander ce produit, malgré toutes ses autres qualités. Et je comprends pas comment ce point n'ait pas été mis en exergue dans les tests de nos magazines préférés. A croire qu'ils testent en intérieur.

 

Reste Cardo Systems et ses fameux scala riders. Cardo Systeme propose 2 grands modèles, qui sont le smartpack et le packtalk (là encore le fameux marketing américain a frappé en faisant preuve d'une imagination sans limite pour nommer les produits). Entre les deux, pas grand chose de différent si ce n'est le prix et la finition bien sûr. Le packtalk permet de relier jusqu'à 15 motards (contre 4 seulement pour le smartpack), le tout par la technologie DMC.

 

 

 

Dans un packtalk, nous avons donc l'intercom, avec son antenne mobile qui a toujours l'air aussi fragile (comme sur le Sena), et son support. En fait, il y a en deux. Un que l'on clipse sur le casque, et si vraiment on n'y arrive pas, un support qui se fixe sur le casque. A n'utiliser qu'en dernier recours. Cardo fournit les lingettes pour nettoyer le casque et assurer une adhérence maximale, mais un truc collé, c'est toujours moins bien qu'un support clipsé. Contrairement au Sena, la connectique n'est pas directement sur le support. Vous avez en fait deux fils qui sortent de l'intercom et qui permettent de raccorder le micro et les hauts-parleurs. Comme pour le Sena, vous disposez d'un micro pour casque intégral et d'un micro sur tige pour modulable.

 

La qualité de finition est irréprochable (bon le prix est au niveau d'Apple), le design et l'ergonomie ne sont pas trop mal (3 boutons et une grosse molette) excepté la petite antenne, qu'il faut absolument sortir de son logement si on veut que le système DMC fonctionne. Ce dernier marche du tonnerre de Zeus, et est bien plus stable que le bluetooth traditionnel. On peut néanmoins passer du DMC au bluetooth rapidement, si on veut revenir à ce système plus universel que le DMC propriétaire de Cardo. Il est alors possible de parler à d'autres motards équipés d'intercom de marques ou modèles différents.  L'autonomie est suffisante pour passer une journée en mode intercom bluetooth non stop sans souci.

 

Le seul reproche que l'on pourrait faire à cet intercom, outre l'antenne mobile que l'on attrape avec le gant, c'est la complexité des combinaisons des commandes,. Avec 3 boutons et une molette, il faut pouvoir tout configurer ou presque. Du coup, il existe un nombre pharamineux de combinaisons possibles, entre appuis longs, courts, double ou triple appuis, appuis simultanées de plusieurs boutons, on s'y perd. Heureusement qu'il existe une app (iOS et Android) et un site Web qui permettent de configurer rapidement son intercom, sinon on s'arracherait les cheveux.

 

Ah si seulement la commande vocale était au niveau de Siri, OK Google ou Cortana. Mais on ne peut pas voir ce genre de fonctions sans une connexion Internet et de gros ordinateurs interprétant vos messages...

 

Allez, sur ces bonnes paroles, bonne balade à toutes et à tous. Et n'hésitez pas à me laisser vos propres impressions.

 

 

 

 



24/09/2017
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