La boîte à idées - Le blog de Jean Chambard

Il s'appelait Aylan Kurdi, il avait 3 ans, Il venait de Kobané avec son frère Galip de 5 ans et ses parents et il fuyait la guerre, l'état islamique et la dictature. Il a été retrouvé mort, noyé, sur une plage de la station balnéaire de Bodrum en Turquie.

Il aura fallu cette photo, publiée ce mercredi 2 septembre 2015, à la une de tous les journaux européens, britanniques en tête (The Independant, le Guardian, le Times, le Daily Mail et même le Sun, El Periodico, El Païs en Espagne, La Repubblica en Italie...), hormis les journaux français, pour que le regard que l'on porte sur le phénomène des "migrants" change du tout au tout.

Les médias français n'ont guère donné d'explication à ce silence : quelques uns ont évoqué le fait que la photo était insoutenable, d'autres contraire à leur "morale". Excuses bidons sans doute car les médias ont l'habitude du choc des photos. Le plus probable est qu'ils aient eu peur des réactions que cette photo aurait pu provoquer sur un sujet aussi sensible que l'immigration. Comme si dans ce monde hyper-connecté, nous n'avions pas pu voir cette photo. Sa diffusion se serait arrêtée aux frontières, comme le nuage de Tchernobyl en son temps.

Il faut pourtant savoir regarder la réalité en face.

Au moins cette mort aura t-elle peut être servi à quelque chose, déclencher une vague de solidarité en Autriche, en Angleterre...La France a même accepté l'idée des quotas qu'elle rejetait encore il n'y a pas si longtemps. Chacun y va de son geste : le Comité international olympique (CIO) annonce la création d'un fonds de 2 millions de dollars destiné à des programmes d'aide aux réfugiés, Bob Geldof a invité quatre familles de migrants à venir s'installer chez lui et un milliardaire égyptien veut même acheter une île pour accueillir les migrants en Méditerranée.

Espérons que cette photo fera changer les choses...